Le vélo mon énergie, avancer mon oxygène, l’horizon un point rayonnant!

Sep 2, 2012 | opinion

« Ceux qui ont fait du Vélo savent que dans la Vie rien n’est jamais plat »
René Fallet

Ces derniers temps, une myriade d’événements sportifs d’envergure ont eu lieu. L’acte de volition animant chaque athlète s’est traduit par l’envie de briller aux yeux du monde. Et pourtant ! Hormis les Jeux Olympiques, le Tour de France, l’Euro foot, Roland Garros, Athletissima, il s’est aussi déroulé du 27 juin au 2 juillet à Apeldoorn aux Pays-Bas les XIVème Jeux Européens des Transplantés du cœur et des poumons. Vous n’en avez pas entendu parler ? C’est « normal », il s’agit d’une manifestation moins tapageuse que les grands RDV mais avec une touche d’Espérance supplémentaire. Loin du suivisme qui caractérise le sport de très haut niveau, lors de cet événement, chaque greffé avec lequel j’ai pu discuter a conscience de la chance insigne qu’il possède, non pas seulement d’être en vie mais celle de pouvoir participer à ces Jeux où l’exceptionnel se traduit par la singularité de chaque destinée et le courage d’y faire face.

Un peu comme un cycliste qui sait qu’il ne peut revenir en arrière car il doit aller de l’avant, c’est logique ; un transplanté lui sait qu’il est condamné à la Confiance. D’ailleurs c’est cette tempérance envers les incertitudes liées à son avenir qui forge bien souvent sa vaillance (celle de la personne transplanté …mais celle du cycliste aussi).

C’est donc dans un anonymat quasiment général mais à l’écart de l’insoutenable sens aigu de l’inessentiel que 240 athlètes se sont réunis pour donner le meilleur d’eux-mêmes et faire résonner d’une voix commune LE message:

« DON’T TAKE YOUR ORGANS TO HEAVEN…
…HAVEN KNOWS WE NEED THEM HERE ! »

Cet événement qui a lieu tous les deux ans démontre au travers de sa composante universaliste à quel point le don d’organe nous concerne tous sans exception. Cette richesse humaine s’est également exprimée par la diversité d’horizon des participants ; une joyeuse et parfois « déjantée » tour de Babel itinérante… Andy venant de Roumanie, Pascal un des premiers transplantés de Belgique, Jon d’Espagne, Vincent, et tant d’autres encore ont fièrement représenté 22pays ! Le drapeau Suisse a quant à lui tout juste pu être déployé car ce n’est que bien après la fin du délai des inscriptions qu’il m’est venu l’idée d’y participer.

Dans mon cas, mes si merveilleux poumons reçus il y a deux ans et demi, alors que ma vie ne tenait plus qu’à un fil, un souffle faudrait-il plutôt dire, me permettent désormais au quotidien d’aligner les kilomètres à vélo, de rire sans craindre la quinte de toux, d’avoir des projets et des perspectives d’avenir comme tout un chacun. Un peu comme si l’existence aurait toujours dû être de cette qualité. En échange de la nouvelle vie que mes poumons me permettent de mener, je leur offre aux grès de mes efforts la possibilité de respirer encore et encore.

« Grâce au vélo, il y a un homme plus vite !
Etre assis sur la selle,

ne pas porter le poids de son propre corps

donne à la pratique de la bicyclette quelque chose de la nage,

quelque chose du vol.

La selle vous porte, comme l’eau, comme l’air ;

la selle, mais aussi le cadre, mais aussi le pneu,

mais aussi l’air comprimé dans le pneu qui vous donne des ailes.

La différence, cependant, entre le vélo et la nage est que le cycliste,

les yeux ouverts et les cheveux au vent, va plus vite que l’homme,

alors que le nageur se traîne, ferme les paupières et se bouche les oreilles.

La différence entre le vélo et le vol est que le vélo est possible et le vol pas encore. »
Paul Fournel, Besoin de vélo

Alors que l’année passée, c’est à Göteborg que je me rendais à vélo pour pouvoir participer aux Jeux Mondiaux, cet été j’ai récidivé pour pouvoir concourir dans ma discipline de prédilection : le cyclisme. Une immense fierté et une immense gratitude envers mon donneur se sont emparées de moi lorsque j’ai appris que la médaille d’argent m’était destinée. Cette fierté est d’autant plus grande que le niveau était très élevé confirmant par la même occasion la réussite de l’aventure de la transplantation. Et dire que j’ai pu goûter à cette vive émotion de monter sur ce podium uniquement parce qu’un jour une personne s’est questionnée sur le don d’organe et a pris la DECISION de devenir donneur.

Pensez-y !

0 commentaires

CA POURRRAIT AUSSI VOUS INTÉRESSER

TIRÉ DU BLOG

Toucher le ciel

Toucher le ciel

Voici quelques photos de Michel au sommet de l'Aconcagua. Derrière son sourire il y a eu apparemment beaucoup de souffrance et d'abnégation. Il nous en dira plus une fois rentré.

Il l’a fait !

Il l’a fait !

Le GPS est formel : Michel était tout à l'heure (14h41 heure locale) au sommet de l'Aconcagua 6960m au dessus du niveau de la mer. On se réjouit de voir les images et de lire des anecdotes sur cet expérience hors du commun : être le premier double transplanté des...