A 100 jours du départ, nous avons choisi de marquer cette date en nous exprimant individuellement sur la perspective et la représentation liées à ce voyage.
L’excitation à quelques jours du départ est grande, celle-ci ne cessera d’ailleurs pas de croître et se trouvera à son comble le jeudi 1mai 2008. A moins que ce ne sera l’instant qui précédera le premier coup de pédale à Prudhoe Bay? Qu’importe il ne s’agit là que de conjectures puisque actuellement l’inconnu ainsi que l’imprévisible résonne en moi comme un futur un rien effrayant. Malgré l’entraînement assidu de ces derniers mois, je ne contrôle plus mon coeur qui s’emballe et tachycarde lorsque défilent, en filigrane, dans ma tête, des images d’un voyage programmé et d’un départ inéluctable. Je vous vois déjà venir avec votre question; pourquoi donc souhaiterais-tu le contrôler? Vous avez raison puisque ce rêve nous l’avons rêvé (éveillés parfois..), tourné et retourné dans tous les sens, observé à travers un kaléidoscope et lui avons donné vie. Nous pensions en avoir fait le tour en l’apprivoisant un peu plus jour après jour mais il n’en est rien puisque, et le constat est cinglant, désormais c’est lui qui nous tient et s’amuse de nos appréhensions et palpitations, somme toute légitimes. Avons-nous seulement la moindre idée où la « route » nous mènera et comment elle nous changera? Saurons-nous pédaler plein sud sans perdre le nord? Pourtant un côté plus rationnel et une voie plus rassurante viennent me rappeler que ce Rêve m’habite depuis au moins aussi longtemps que l’acharnement mis à le voir se réaliser (d’ailleurs, n’est-ce pas à travers ce mot qu’on trouve sa continuité évidente?). Cette voix me chuchote aussi que je suis prêt tant physiquement que psychiquement, et que (Vincent n’en pense sûrement pas moins) je ne pourrais m’y soustraire et m’en libérer pleinement qu’une fois arrivé à Ushuaïa.
Partir c’est d’abord se départir, se sentir libre, les deux mains au guidon de son destin. A l’aube de ce départ, je ressens cette Aventure comme une expérience qui me dépasse. Tout ce que j’ai toujours pris pour de la sécurité se résume désormais à un vélo, un projet et une solide amitié. D’un seul coup, on mesure soudainement le poids de notre fragilité, une dérive où le temps égale la distance. On va lâcher prise sans savoir pour combien de lunes. Décider d’arrêter de laisser la vie nous dépasser pour la regarder en face. Puisqu’il faut s’alléger pour pouvoir se mouvoir (et s’émouvoir), se vider pour mieux accueillir, j’ai hâte de gonfler les voiles des sacoches et observer le monde en perspective depuis la selle du vélo.
Maintenant, à vous de participer au combat contre cette crasse de mucoviscidose, en faisant votre don à l’association sans quoi rien ne vaudrait la peine d’être entrepris. Merci du fond du Coeur!
A très bientôt, restez-nous fidèles!
Michel
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Et bien ! Après tant de poésie, ma rationalité s’emballe ! Comment dire les choses autrement ? Tout est là. Seul face à une page blanche qui me hurle d’être noircie, j’appréhende de faire choux blancs…
Si je devais brièvement décrire les grands départs, c’est probablement le mot « découverte » que je sortirais de l’une de mes sacoches. Accolé à d’autres tels que paysages, humain, Soi ou Autres, il fournira une plus claire expression de ce qui devrait nous attendre dans une centaine de jours de l’autre côté de l’Atlantique. Mais la liste n’est probablement pas exhaustive. Le temps des découvertes a déjà commencé bien avant les premiers coups de pédale. C’est la découverte des sentiments qui y sont liés : peur et anxiété mêlées à une forte excitation, le tout saupoudré d’impatience. Etonnant de constater à quels points les affects s’emballent face à l’inconnu.
Comme Michel, je partage ses interrogations : où allons-nous ? Qui allons-nous rencontrer ? Qui seront ces anonymes avec qui nous partagerons une tranche de leur existence le temps d’une pause ? Quels paysages remplis de rien et de tout s’offriront à nos yeux ? Le fourmillement des réponses est déjà une aventure pour l’esprit. Pas encore parti mais déjà en route.
D’ici là, il s’agit de mettre un terme définitif à mon travail de recherche. La construction est aboutie, il ne reste plus que les finitions. Je devrais vraisemblablement le déposer à la fin du mois de janvier, au plus tard début février. Bien que la notation constitue une forme de récompense et de reconnaissance du travail engagé, je suis surtout, à l’heure actuelle, heureux d’y mettre un terme. Il me tarde en effet de me tourner définitivement vers l’ouest.
Enfin, un petit mot encore concernant l’association. Comme le précise Michel, rien de tout cela n’aurait de sens sans le but qui le sous-tend : combattre la maladie encore et encore. Et, si vous êtes fortement sollicités par les dons, vous pourrez mener votre propre lutte sans sortir un sous : informer et sensibiliser votre entourage sur cet ennemi héréditaire. Faites-la connaître car plus elle sera connue, plus rapidement elle disparaîtra !
Excellente année 2008 à vous toutes et tous !
A suivre…
Vincent
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