On nous a rendu la vie !

Déc 8, 2014 | presse

Le Matin du 2 octobre 2014 écrivait sur le don d’organe. Michel, interviewé à ce sujet, revient sur l’importance du don.

Alors que la Suisse manque de donneurs, cinq transplantés romands racontent comment cette opération a tout changé pour eux. La semaine passée, «Le Matin» évàquait les difficultés rencontrées par la Suisse dans le domaine du don d’organe. Plus d’un patient sur deux, de lui-même ou par ses proches, refuse de devenir donneur. Une proportion en hausse depuis zoo8 (42%) et largement plus élevée que la moyenne européenne (3o%).
Un constat qui fait réagir cinq Romands, particulièrement touchés par la question. Chrystel Fath, Carol Campbell-Smith, Liz Schick, Geneviève Anthamatten et Michel Stückelberger ont tous bénéficié d’une ou de plusieurs greffes. A eux cinq, ils réunissent presque tous les organes transplantables. Seul l’intestin grêle manque.
«C’est une bonne manière de montrer qu’un donneur peut changer plusieurs vies. Celles des greffés mais aussi celles de leur entourage», souligne Liz Schick. Et entre ces «miraculés», comme ils se définissent eux-mêmes, le courant passe très bien. «On se comprend. Il y a comme un lien entre nous», explique Chrystel Fath, tout juste greffée du coeur et la benjamine de la bande.
«C’est une synergie, il faut qu’on soit ensemble si on veut faire avancer les choses et inciter les gens à devenir donneur», appuie Mi¬chel Stückelberger. Car ils ont tous conscience d’avoir reçu quelque chose d’exceptionnel et que tout le monde n’aura peut-être pas cette chance.

Coeur, Christel Fath, 14 ans
Depuis sa naissance, Chrystel Fath a des problèmes cardiaques. «Suite à une première opération, mon coeur ne battait pas assez fort, les médecins ont donc installé un pacema-ker», raconte la Vaudoise. Jusqu’à ses 12 ans, elle vit une enfance presque normale. «Mais
Il y a deux ans, j’ai eu une insuffisance cardia¬que. J’ai été mise sous assistance ventricu-laire». explique l’adolescente de 14 ans. Elle est donc inscrite sur la liste d’attente pour une greffe du coeur. «Au début, on y pense beau¬coup et ensuite un peu moins. Mais mes amis et mes parents étaient inquiets.» Après 22 mois, un coeur lui est attribué. Chrystel Fath balance entre stress et soulagement. «Enfin, c’était fini, j’allais pouvoir vivre normalement, mais avant ça, il y avait l’opération.» Celle-ci s’est très bien pattée. La Vaudoise récupère très vite. Au point qu’à peine six semaines après sa greffe du coeur, elle est en pleine forme. Et elle veut profiter de la vie. Dans deux semaines, elle part pour Saint-Tropez (F). A son retour, elle va reprendre ses études pour devenir médecin.

Cornée, Carol Campbell-Smith, 46 ans

Partie en vacances à Chypre en 2010, Carol Campbell-Smith y atterrit sans ses valises. Elle achète donc un produit pour désinfecter ses lentilles sur place. Mais celui-ci n’est pas suffisamment efficace. A son retour en Suisse, elle souffre d’atroces douleurs à Après de nombreuses analyses, les méde¬cins découvrent que ses cornées sont infec¬tées par un champignon. Ils décident de lui transplanter de nouvelles cornées. Il est déjà trop tard pour son oeil droit, dont elle perd l’usage. A gauche, la greffe fonctionne. «Sur le moment, J’étais en mode survie, cela ne m’a pas traversé l’esprit qu’on me greffait la cornée de quelqu’un d’autre», raconte la Nyonnaise. Ce n est qu’un an plus tard qu’elle réalise. «Je me suis sentie reconnais¬sante, mais je ne me pose pas trop de questions. Pour moi, ces cornées sont devenues les miennes.» Aujourd’hui, elle sensibilise son entourage au don d’organes et plus particulièrement à celui des cornées. «C’est extraordinaire. On nous a rendula vue et la vie», souligne-t-elle.

Foie, Liz Schick, 52 ans
Jusqu’à ses 35 ans, Liz Schick avait l’impression de vivre un «conte de fées». Et puis sa vie a basculé. Suite à de fortes douleurs au ventre, les médecins diagnosti¬quent une maladie rare du foie. Elle nécessite une greffe. «On Imagine les transplantés comme des gens malades. J’ai tout de suite voulu me renseigner sur le sujet», raconte ta Valaisanne. Il y a 16 ans, elle se réveillait avec un nouveau foie. «J’étais tellement contente. Je me sentais bien avec mon donneur. On faisait équipe», sourit-elle. Depuis, elle considère que chaque jour est un cadeau. «C’est le cas pour tout le monde, mais les gens ne s’en rendent pas forcément compte». Son énergie, Liz Schick l’a investie dans le monde de la transplantation. Elle donne des conférences de sensibi¬lisation et organise depuis 14 ans. les camps TACKERS, pour les enfants transplantés. «Ma mère me disait qu’il fallait tirer le positif d’une situation négative. Alors c’est ce que j’ai fait», explique la Valaisanne, aujourd’hui âgée de 52 ans. Même si elle est recon¬naissante envers son donneur, elle fait aussi preuve de beaucoup de compréhension envers ceux qui refusent. «Ils viennent à l’hôpital pour être sauvé et on leur pose la question dans un moment difficile.» D’où l’importance, pour elle, de réfléchir à ce problème dans le calme.

Poumons, Michel Stückelberger, 32 ans
Né avec la mucoviscidose, Michel Stückelberger a subi de lourds traitements depuis son enfance. «C’est une maladie où on a peu de perspective et où on sent le déclin arriver», raconte le Gene¬vois. En 2009, son état se détériore sérieusement. Hospitalisé, Il passe deux mois et demi dans te coma. Et à son réveil, il est greffé de deux nouveaux pou¬mons. «Je me suis senti incroya¬blement chanceux et reconnais¬sant», s’enthousiasme-t-il. Il a encore quelques petits problè¬mes liés à la greffe, mais rien de comparable au traitement contre la mucoviscidose. «Surtout, c’est un sursis inespéré. Des jours que je n’aurais pas dû vivre», souligne celui qui vient de finir ses études de technicien en radiologie. Pour lui, aucun doute, le don d’organe fonctionne , extrêmement bien. «Malheureusement, on ne le valorise pas assez. C’est un geste noble et désintéressé», appuie Michel Stückelberger. Un geste qui lui a permis de connaître de nouvelles joies. Un titre de champion d’Europe des transplantés pulmonaires en cyclisme et, surtout, des petits jumeaux, attendus pour fin novembre. Des bonheurs qui ne l’empêchent pas de s’inquiéter pour son frère, lui aussi atteint de mucoviscidose. «J’ai peur qu’il n’ait pas la même chance que moi.»

Reins et pancréas, Geneviève Anthamatten, 62 ans
Très sportive durant sort adoles¬cence, Geneviève Anthamatten découvre à 18 ans qu’elle souffre de diabète. «C’est une maladie sournoise. On a l’impression que tout va bien alors que ce n’est pas le cas», souligne l’énergique sexa¬génaire. Pendant 30 ans, elle a vécu avec le diabète. Mais en 1991. la Vaudoise est hospitalisée d’ur¬gence pour une insuffisance rénale. Dans l’attente d’un rein et d’un pancréas, elle commence à faire des dialyses trois fois par semaine. «Cela devait durer deux ans, j’ai attendu sept ans. C’était l’horreur», raconte-t-elle. Durant ces sept ans, elle essaie de rester positive, mais ce n’est pas toujours facile. «J’étais parfois démoralisée, je me demandais si on ne m’avait pas oubliée. Surtout, boire et manger était devenu très difficile.» Son entourage a vécu cette période avec anxiété. Mais quand
la greffe est arrivée, elle n’avait plus peur. «C’était mon seul espoir. De toute façon, j’en avals marre.» La transplantation des deux organes est une réussite. Il y a 16 ans, Geneviève Anthamatten a pu recommencer à vivre et à faire du sport. «C’était une renaissance complète. J’ai repris le ski puis la course à pied.» Et devenir plusieurs fois championne du monde des transplantés. «J’aimerais montrer que ça fonctionne et que ça vaut la peine de donner ses organes.»

Lire cet article au format JPG: Le Matin # 2 octobre 2014 # Fabien Feissli

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