Avec comme point de mire la ville de Prince George en Colombie-Britannique, le départ de Whitehorse s’effectue sans trop de mal, malgré une pluie battante. Impatients de se remettre en selle après ces quelques jours « off » afin de (re)trouver la bonne cadence, nous nous élançons.
Toujours sur l’Alaska Highway, les jours se succèdent et les rencontres qui les jalonnent les rendent magiques. Thierry, puis Gary, deux cyclo-tour-du-mondistes, prendront le temps et la peine de faire part de leur expérience de vie et de quelques précieux conseils afin d’effectuer de menues économies. Leurs différents voyages sont aussi rafraîchissants que lorsque en fin de journée, nous pouvons grâce à leurs « tuyaux » nous doucher gratis.
Pour le repas en haute teneur protéinique, ce seront Léon et Jeannette, éleveurs de bétail au Texas qui nous accueillent à leur table pour partager le véritable hamburger « made in USA ». Une nuit, c’est Linda de Rancheria Village qui, prise de sympathie ou peut-être plutôt le fait de voir pleuvoir de la sorte, nous offre une nuit à l’hôtel, dans des lits, des vrais. Dirk se chargera lui du petit-déjeuner qui aura tenu l’estomac une bonne partie de la journée tout comme sa pêche de vivre qui aujourd’hui encore nous accompagne.
Alors que nous suspectons une fièvre du castor du fait de fortes crampes d’estomac chez Michel, le hasard décide de nous faire stopper chez John. Ce dernier s’occupe d’un camp de personnes réalisant des forages géologiques. Après une rapide initiation à la pêche dans le Swan Lake, la camaraderie remplacera ce jour-là aisément l’absence de prise. Excellents moments passés dans votre camp. Pour peu, on se serait cru à la maison ! À travers ces rencontres, certaines trajectoires personnelles se révèlent fascinantes. On revit dans les yeux de ces « conteurs » une empreinte laissée à l’histoire mais qui, le temps d’un instant, reflète UN DESTIN. Alexandre nous aura touchés par sa grande sympathie, son ouverture et l’énergie mise à réaliser, comme il l’exprime si bien, sa légende personnelle.
Assaillis par des meutes de moustiques insatiables, dont le vrombissement aigu nous poursuit même durant la nuit, cet ennemi volant s’est peu à peu muté en danger mobile. Désormais, c’est le trafic chargé qui suscite parfois les plus grosses frayeurs. Pour la plupart des Canadiens et des Américains, les vacances s’achèvent et ce sont-là autant de « Cyclone 2 », « Raptor », « King of the Road », « Topaz », « Monarch », « SouthWind » et autres trois pièces roulant poussés par leur 500 chevaux qui nous frôlent quotidiennement sur la Yellowhead Highway. Leur souffle chargé en hydrocarbure et méthane se confond avec la poussière qu’ils soulèvent à leur passage. Ces turbulences nous bousculent puisqu’elles annoncent le bruissement de la civilisation et marquent la fin du « WildLife’s Style ». Prince George, 90’000 habitants, propose comme bruit de fond sirènes, klaxons et démarrages intempestifs aux feux. Drôle de nuit passée d’ailleurs dans cette ville de Prince George devant l’école élémentaire lorsque après quelques instants nous comprenons qu’on vient de nous « caillasser » la tente. Sans doute une façon traditionnelle de souhaiter la bienvenue aux cyclo-touristes.
Ce « retour » s’est aussi fait de manière abrupte à Vanderhoff ou la rapidité et l’audace des (du ?) voleurs n’auront eu d’égal que leur bêtise. Le réchaud à gaz ainsi que la trousse de toilette n’ont que peu de valeur au regard de l’appareil de physiothérapie (aussi précieux qu’aucun autre objet) sur lequel ils ont également fait main basse. Rien n’a permis de faire réapparaître ce bien malgré l’appel lancé à la police. Après maints coups de fil et démarches, un nouveau nébuliseur, pas encore frotté au rodéo du quotidien celui-là, a pleinement intégré l’équipe à Prince George. Une fois de plus, la « cellule de crise » a parfaitement fonctionné en Suisse et tout est rentré dans l’ordre. Néanmoins, une question taraude encore nos esprits : à quoi va bien pouvoir servir cette machine à ces personnes indélicates ?
Trois semaines auparavant, beaucoup plus au nord, à Watson Lake, nous nous préparions pour affronter la Cassiar Steward Highway. 800 kilomètres de liberté oxygénée essentiellement composés de points d’exclamation. Panoramas, tranquillité, plus 8’000 mètres de dénivellé positif, peu de services, difficultés aussi mais grande satisfaction d’avoir complétés ce trançon transformé en défit en deux petites semaines. Ce tracé exigeant traverse successivement trois chaînes de montagne : la Cassiar, les Stikine puis les Skeena Mountains.
Il aura fallu 9 kilos de pâtes, 26 boîtes de sardines, 2 kilos de fromage et de ketchup, 3 kilos de céréales et le lait en poudre qui va avec, ainsi que des dizaines de barres chocolatées pour faire face aux huit premiers jours de route. Le vent nous a freinés, nous usant plus nerveusement que physiquement sur la quasi-totalité du parcours. Qu’importe car cette route nous a offerts multitudes de rencontres et d’agréables surprises. Mark, du haut de ses 58 ans, bien déterminé et animé lui aussi par son rêve de rejoindre Ushuaïa en 10 mois, roule entre 100 et 120 km par jour. Il nous a impressionnés par sa philosophie : il n’est jamais trop tard et rien n’est impossible à coeur vaillant ! Chapeau et bonne route ! Son site web : http://weslock.home.att.net. Enfin, des rencontres avec des ours, beaucoup d’ours sur cette Cassiar : au réveil, durant le sommeil, ainsi qu’un repas pris en compagnie de deux superbes spécimens (voir la vidéo). L’excellent saumon d’au moins 300 grammes que nous avons dégusté à Jade City provenait vraisemblablement des 20 tonnes de poissons que le camion transportait avant sa sortie de route dans une courbe probablement trop courbée. Au final, depuis Whitehorse, ce sont d’intenses instants qui s’ajoutent aux précédents pour faire de cette existence « vagabonde » un Voyage grandeur nature.
Le ciment de cette Aventure que représente l’association Muco-Vélo n’aurait de réel sens sans vous toutes et tous. Incroyable la somme atteinte grâce à vos dons à l’heure actuelle. Il est extrêmement gratifiant de se sentir soutenus et encouragés entre autre à travers cette association. D’ici quelques semaines, une fois arrivés à Vancouver au terme de la première étape, nous vous ferons part du montant de la récolte. Les mots nous manquent encore pour vous témoigner notre plus profonde gratitude. Mais soyez-en certain, nous les retrouverons en cours de route… Sur place, une cure d’antibiothérapie est prévue à l’hôpital St-Paul. D’ici là, la suite s’annonce haute en couleurs et l’objectif est simple : rallier Vancouver non plus en duo mais en trio puisque Paula, l’amie de Michel, se joint à l’équipe pour ce « finish » ! Grande est la Joie de Michel de partager ce bout de route hors du commun en commun. Welcome !
Quelques photos et vidéos pour le trajet effectué entre Whitehorse et Prince George.
Très bonne rentrée 2008. Rappelez-vous : le sport c’est la santé et pour le reste Enjoy the life !
Michel et Vincent
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