Colombie : vouloir y rester !

Oct 26, 2009 | america

Très chères vous toutes et tous,

Débutons par une modeste tentative d’équation du projet Muco-Vélo : 250’000 coups de pédales multipliés par votre Générosité élevée au cube, le tout divisé par une sage folie est égal au chiffre de 38’000. Voilà la fantastique et rondelette “somme” qui quantifie de façon très terre à terre, jusqu’à présent, son succès. Grâce à votre soutien à cette cause, c’est un “bilan” de fin d’année des plus encourageants qui la clôture! Ce résultat donne du crédit à cet audacieux Challenge… Le bénéfice qui en résulte ne se calcule heureusement pas qu’économiquement mais essentiellement HUMAINEMENT. Cette participation témoigne avec éloquence de votre implication dans cette improbable Aventure dont vous vous êtes d’une certaine manière, appropriés le Principal.

Cette news a un côté singulier, deux même dirons-nous. Le premier parce qu’elle a pu être écrite en commun! Nous avons trouvé fort délectable d’avoir pu la rédiger conjointement hors des tracasseries liées aux fuseaux et des contraintes d’un décalage horaire indomptable (…malgré leurs “chronophagicités”, les moyens technologiques permettent bien des prouesses!). Deuxièmement, parce que nous souhaitons, au vue de l’avancement du projet sur le terrain, donner au travers de la récolte de fonds, un coup de fouet à l’association. Une levée de fonds déjà bien amorcée comme en témoigne les chiffres. Mais on peut faire mieux, il FAUT faire mieux ! Raviver le feu jusqu’à ce que celui-ci se transforme en Brasier!

A ce sujet, et comme tout un chacun sans doute, c’est un compteur affolé que nous souhaiterions voir s’animer. Beaucoup de personnes ont déjà “donné”, certains le feront et d’autres peut-être jamais. Quelque soit votre choix, cette liberté, bien évidemment, vous appartient. Mais sachez que cette cause nous tient particulièrement à cœur, autant qu’elle donne, nous l’esperons, de l’espoir et de la lumière aux malades. C’est entre autre grâce à votre appui que cette énergique dynamique est vivante. De votre engagement naît le nôtre : faire bénéficier le Groupement Valais Romand Mucoviscidose du fruit de l’intégralité de cette récolte. Rien de plus gratifiant en effet que de savoir que cette association de proximité sera présente auprès des personnes atteintes de la maladie en leur offrant un soutien financier concret et direct. La situation économique actuelle étant ce qu’elle est, il serait néanmoins dommage de ne pas céder à la pratique de la multiplicité des “petits” gestes. De ceux qui aboutissent à un ravissement de la personne qui reçoit! ….mais aussi de celle qui offre! Si, tout de même, le doute persiste dans votre esprit sur le bon sens d’une éventuelle donation alors prenez un peu de temps pour pratiquer vos activités quotidiennes, une paille entre les lèvres. Façon de percevoir la gène respiratoire que peuvent vivre les malades au jour le jour. Toujours perplexe? Alors “sacrifiez” encore 12 minutes de votre emploi du temps pour visionner le clip vidéo ci-dessous


 

En guise de transition, transit’on sans plus attendre d’ici directement “chez Vincent” en Amérique du Sud:
COLOMBIA !

Que n’a-t-on pas entendu sur ce pays? Violence, drogue, paramilitaires, armé(s) révolutionnaire(s), prises d’otages… Chacun complétera sa liste. Oui, la Colombie fait face, officieusement du moins, à un conflit armé depuis 50 ans. En effet, elle est le premier producteur de cocaïne au monde (très majoritairement consommée aux États-Unis et en Europe). C’est vrai : la violence liée aux conflits socio-politiques, les passe-droits et privilèges que s’octroie l’oligarchie et les problèmes générés par le trafic de drogues rendent difficiles ou pourrissent les conditions d’existence de millions de colombiens. Mais un pays aussi grand, complexe et diversifié peut-il simplement se résumer aux manchettes de quelques canards qui se limitent à recopier les dépêches des agences de presse?

Mais avant d’aborder la Colombie, livrons-nous à notre traditionnel exercice de haute voltige consistant à jouer avec le temps et l’espace. Allez hop ! je vous emmène pour un mini-voyage dans le passé…
Pratiquement deux mois se sont écoulés depuis les dernières nouvelles de Panama. Vous vous en souvenez peut-être : il était alors temps d’abandonner le sud de l’Amérique Centrale pour rejoindre le nord de l’Amérique du Sud, autrement dit : quitter par mer le Panama pour la Colombie.

Baignant tranquillement les eaux du petit port panaméen de “Porto Bello”, le Golden Eagle affiche orgueilleusement les dimensions d’un voilier d’esthète. Son capitaine, Peter, s’il n’a pas les traits physique du Capitaine Hadock, a en revanche son expérience et son tempérament très affirmé. Sa disponibilité conjuguée à son énergie débordante auront rendu la navigation aussi divertissante qu’instructive. Au large de la bande côtière des Caraïbes, nous glissons le long de l’archipel des San Blas où s’égrène un long chapelet de minuscules îlots, pour la plupart déserts. Les premières pages des magazines de voyage paraissent soudainement bien pâles au regard de ce site exceptionnel et préservé (encore) du tourisme de masse. Paradis oublié, ces plages de sable blanc recouvertes de cocotiers sont frangées de récifs coralliens et entourées d’une mer calme et chaude, couleur verte émeraude. Impressionnée, la petite “cargaison” de 10 voyageurs que charrie le Golden Eagle est muette d’admiration.

Quelques jours plus tard, le port de Cartagena de Indias est en vue. Encore sur mer, une “vague” excitation pourtant m’agite déjà. En cherchant sans succès à me représenter le gigantesque chemin à parcourir, le vertige fait vite place à l’anxiété. Un peu comme, lorsque l’hiver à peine achevé, on débarque au nord de l’Alaska avec en tête le projet d’y faire du vélo…Il y a parfois dans nos rêves une pointe d’arrogance dont il vaut mieux ne pas trop s’encombrer, sans pour autant la nier… Peut-être encore plus à vélo, car sinon personne n’aurait le courage de ses idéaux, et encore moins la force de se relever après une possible “chute”…

Quittant les amis rencontrés sur le bateau, je retrouve vite mes marques de “lonesome biker” et m’essaie à mes premiers coup de pédales dans ce pays médiatiquement “maudit”… Heureusement, le voyageur est plus modelé par ce qu’il vit, qu’il ne vit sur ses propres modèles (parfois un brin éculé)…

Premier objectif : Medellin, deuxième ville du pays avec ses 2,2 millions d’ habitants… On y accède depuis Cartagena par la Carretera 25. Si, jusqu’à présent, le tracé nord et central américain avait été relativement “accessible”, il ne fait plus de doute que l’on passe désormais en catégorie supérieure. Au détour d’un village poussiéreux, la route amorce soudain une montée brutale. Ici débute la Cordillère Centrale, l’une des trois branches en Colombie de la fameuse Cordillère des Andes. Cette longue chaîne montagneuse traverse l’Amérique du Sud dans toute sa longueur. Parti à 60 m d’altitude, trois jours d’effort sont nécessaires pour atteindre le col à 2’700 m. Ce n’est pas le Pérou, diraient certains, sans savoir à quel point ils ont peut-être raison. N’empêche, il a fallu batailler ferme (….brailler aussi!) pour, au final, se voir récompenser. Les paysages sont majestueux. Le retour dans les montagnes après ces mois de bord de mer est bouleversant et provoque une joie intense.

En redescendant du col de “Los Llanos de Cuiva”, Medellin “explose” soudain dans son énormité. Nichée dans une large vallée, la ville a étendu son emprise sur certains versants des montagnes environnantes. Deux téléphériques desservent les quartiers les plus hauts perchés. Hallucinant! Les cabines, sans portes-ski par contre, sont suspendues au-dessus des rues et des maisons de brique orange. Le centre-ville (le principale pourrions-nous dire) est moderne et chic et contraste avec les quartiers pauvres…

Inutile de préciser qu’ici en vélo, on conduit avec une certaine forme d’empathie : on reste attentif sur sa route bien sûr mais on s’inquiète d’abord des autres usagers en essayant de déterminer le plus tôt possible leur comportement et leur trajectoire… Calme, observation et concentration sont les maîtres mots de la navigation latino-urbaine… Les taxis pressés peuvent passer du statut de prédateur à celui d’allier lorsqu’ils font usage de leur encéphalo-GPS totalement intégré pour ré-orienter ton chemin.

Bonne et heureuse nouvelle à Medellin : je retrouve certaines des personnes du bateau (dont trois suisses). Les quelques jours passées ensemble sur le voilier avaient favorisé l’éclosion d’une réelle amitié et permis de tisser des liens aussi forts que brefs. Medellin aura soudée un peu plus encore cette franche camaraderie. Dans cette ville, Il n’y aura rien eu de plus appréciable que de pouvoir partager du temps avec eux et d’autres rencontrés sur place : à Marc, Félix, Dominique, Luiz, Geoff et Mariem : rendez-vous dans les alpes pour une fondue valaisanne! Bonne chance à Robby, Marieke et Auke qui connaissent le bonheur (et parfois le malheur) du voyage en deux roues (motorisées).

Medellin sera également l’occasion (unique?) de procéder à un profond décrassage du vélo et au changement de certaines pièces (pédalier, chaîne, cassette, patins de frein, etc). Il aura fallu une sacrée dose de patience et de volonté pour mettre la main sur un bon magasin : un grand merci à tous les travailleurs de Bike House pour leur excellent travail. Notons au passage que le matériel aura tout de même tenu le coup plus de 15’000 kilomètres sans AUCUN souci! Joli travail Michel : ton savoir-flair avait su opter pour le matos parfaitement approprié !

8 octobre 2009, départ de Medellín. Destination : Cali. La route est moins exigeante, hormis une montée aussi belle que difficile. Le mot “pourcentage” déploie tout son sens. Deux jours d’arrêt dans la “petite” ville de Santa Rosa de Cabal où les membre du club de vélo local se mettent en quatre pour m’offrir un logement (le vélo est un sport très apprécié et pratiqué en Colombie). J’y suis resté deux jours. Christine et Fabio, mes propriétaires, me feront visiter les alentours et goûter les saveurs locales. Toute la région en effet est orientée vers la production de café. Un vrai bonheur pour les amateurs… On me parle de ce que l’on connaît et apprécie de la Suisse : les Alpes, le chocolat, la qualité de vie, son action humanitaire (le Comité International de la Croix-Rouge est passablement actif en Colombie). Quelque fois aussi on (s’)interroge sur les activités d’une “certaine” Suisse : l’entreprise Nestlé, guère appréciée de part sa “politique” économique concernant la production de café. Et surtout l’incompréhension ou l’étonnement que suscite la place bancaire suisse qui permettrait aux élites et aux politiciens colombiens de dissimuler injustement des avoirs.

Puis c’est reparti en direction de la ville de Cali, avec ses 2.1 millions d’habitants. Pour y arriver, il faut remonter la “Valle de Cauca”, une vaste plaine relativement plate où domine la culture de la canne à sucre. Le vent lui-même en a l’odeur sucrée si caractéristique… de la liberté!

Les derniers coups de pédale m’amènent à Popayan, la cité blanche, en raison de la couleur des maisons. D’ici, il reste 360 km pour atteindre la frontière équatorienne, en passant notamment par la ville de Pasto, à 2’500 m. d’altitude. Et ce sera, malheureusement, la fin de cette fabuleuse traversée de la Colombie.

Le risque est grand de rentrer dans des comparaisons entre les pays, selon des critères que l’on est souvent le seul à déterminer. Pourtant, autant le dire tout de go, la Colombie reste pour le moment la meilleure expérience de voyage à vélo. Mais comment la traduire ? C’est vrai que dans le texte, nous ramenons souvent le sensible en logique élémentaire, en proposition de base. Mais on ne peut retranscrire avec perfection la substance légère du bonheur. L’accueil, l’ouverture, l’énergie, l’atmosphère, la qualité et les services sur la route (ça compte à vélo) mais surtout le Peuple Colombien m’a offert l’énorme privilège de vivre des moments intenses. Les difficultés qu’ils rencontrent et dont ils m’ont parfois fait part, qu’ils soient paysans, employés de banque, policiers, femmes (ou hommes) de chambre, ont un dénominateur commun : tous aspirent à la construction d’un monde juste qui donnerait (enfin) la possibilité à chacun de vivre en paix. Les photos et vidéos sur le site vous donneront une minuscule impression du pays. Et comme on le dit souvent ici : “Colombia, El riesgo es que te quieras quedar.”

Amitiés et Couleurs Locales

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